Prédication lors de la célébration des funérailles de Simone Pacot le 5 mai 2017.

 

Textes bibliques :

Psaume 16 : Garde-moi, j’ai fait de toi mon refuge

1 Samuel 16, 6 à 7 : Dieu regarde au coeur

Jean 5, 1 à 18 : le paralysé remis debout

 

“ Vous avez choisi ce passage de l’Évangile de Jean, parce que c’est celui qui a inspiré Simone Pacot pour parler de l’Évangélisation des profondeurs (EdP). Ce passage de l’Évangile témoigne de l’agir bienfaisant du Seigneur qui relève celui qui est couché, qui l’accompagne sur un chemin de vie et en fait son témoin.

Avant chaque enseignement, Simone prenait le temps de se centrer sur Dieu pour recevoir de Lui ce qu’elle allait transmettre et je la voyais alors se redresser, exaucée dans sa prière, recevant en son cœur les forces qui, dès la 1re parole, vivifiaient son être tout entier. Comme Samuel, le prophète, nous qui souvent ne considérons que l’apparence, en la voyant si menue physiquement, nous aurions pensé qu’elle n’aurait pas la force de sa mission. Mais Dieu, lui, regarde au cœur de celui qu’il équipe lui-même pour le ministère confié.

Ce mouvement de recevoir pour donner ensuite est l’attitude du disciple, qui suit l’exemple de son Seigneur. Jésus aussi se tournait vers son Père et notre Père, pour être porté par son Souffle. Cette recherche d’être toujours au mieux disciple du Christ, Simone y a consacré sa vie et, jusqu’à son dernier souffle, cette préoccupation d’être le plus ajustée à sa mission de disciple l’a habitée continuellement. En janvier dernier, elle me disait encore cette quête d’être au mieux disciple du Seigneur dans ce qu’elle vivait.

Elle donnait beaucoup de place à l’écoute de la Parole de Dieu, reconnaissante au Seigneur du don de sa Parole pour nous équiper pour la route de nos vies. Elle a su développer en unité la vie psychologique et la vie spirituelle, en proposant un trajet d’Évangélisation des profondeurs qui porte la Bonne Nouvelle à notre être tout entier.

Simone commençait ses sessions par la méditation de ce passage de l’Évangile de Bethasda.

Elle avait à cœur de donner des repères concrets pour notre marche, ces repères bibliques, elle les a formulés en lois de vie, balisant ainsi notre chemin.

Dans cet évangile de Jean, nous pouvons repérer ces cinq lois de vie que je résume ainsi : Choisis la vie pour vivre dans une juste relation avec Dieu, avec les autres et avec toi-même, pour déployer ta pleine mesure. En mémoire d’elle qui m’a appris et nous a appris à identifier les lois de vie pour en baliser notre chemin, je vous propose de les découvrir au fil du texte biblique et de faire le lien avec sa propre vie.

 

En réponse à la Grâce, au don de l’amour du Seigneur, l’être humain est appelé à choisir la vie, c’est la 1re loi de vie.

Choisir la vie, c’est choisir de mettre sa main dans la main du Seigneur pour parcourir sa vie, comme le psalmiste le formule si bien dans sa prière : « Comme le Seigneur est à ma droite, je suis inébranlable ». Cela ne veut pas dire bien sûr qu’il n’arrive rien à celui qui s’appuie sur Dieu, mais cela signifie que nous ne sommes jamais seuls pour affronter les difficultés de la vie. C’est chaque matin que Simone Pacot faisait le choix de la vie et de la vie en proximité de cœur avec son Seigneur.

Elle répondait ainsi à l’invite du Seigneur qui se tient fidèlement à notre porte pour nous offrir sa présence.

« Veux-tu m’ouvrir ta porte ? Veux-tu guérir ? »

À cet homme paralysé qui a bien voulu de ce regard infiniment miséricordieux de Jésus, à cet homme, Jésus a donné l’élan de vie.

Quand l’homme paralysé est remis debout, il ne sait au fond pas grand-chose de l’auteur de sa guérison et ce qu’il va apprendre à son sujet, ce sera ce que lui apportera cette rencontre dans le temple avec son Seigneur. C’est lui, le Seigneur, qui lui enseignera à vivre dans une juste relation avec lui. C’est la loi de l’incarnation.

Nous le savons tous, Simone était une femme de prière, une femme qui prenait le temps du dialogue avec Dieu et qui se laissait toujours enseigner à nouveau. Tout au long de sa vie, elle a appris et transmis cette collaboration étroite avec l’Esprit-Saint dont elle parlait très simplement, en disant : « Tu sais, ce n’est pas compliqué, pendant une semaine, chaque fois que j’ouvre une porte, je dis, Seigneur passe devant ». Très à l’écoute du Seigneur, elle était libre intérieurement, de cette liberté qui sait discerner et donner priorité à ce qui se révélait en son cœur.

À ce paralysé maintenant debout, le Seigneur donne une parole qui nous surprend, lui disant : « Va et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire encore ». Ce que Jésus dit là est parole de vie pour cet homme.

« Ne pèche plus », dit en d’autres termes, signifie : ne te sépare plus de ta source de vie. La vigilance consiste à rester bien relié à la Source de vie qu’est le Seigneur, parce que ce qui peut nous arriver de pire serait de nous trouver seuls, coupés de Celui qui est à la Source de toute vie.

Simone insistait toujours sur l’importance d’avoir une parole de vie, à portée de cœur, pour en toutes circonstances être soutenu par la force de la Parole de vie.

L’être humain a une identité propre que lui donne le Seigneur et dont il est appelé à prendre soin, c’est la loi de l’identité qui se vit en relation avec les autres.

L’homme qui porte maintenant son grabat, comme nous portons les marques de notre histoire personnelle, cet homme est confronté à l’hostilité des autorités juives. Cette confrontation montre les difficultés du croisement de nos chemins différents, nos diversités sont parfois compliquées à vivre, nous le voyons bien, même à l’intérieur de l’Église du Christ, lorsque chacun se cramponne à sa compréhension et à sa manière de voir les choses, cela nous empêche alors de vivre ensemble nourris du seul et même amour du Seigneur.

Simone dans son parcours a rencontré un certain nombre d’obstacles, de résistances et de séparations aussi, ce qui est certainement inévitable ici-bas, mais sa manière de les affronter, confiante en son Seigneur qui seul justifie, cette manière-là est celle que Jésus lui-même nous enseigne.

Aux représentants de l’autorité juive de l’époque, Jésus annoncera l’Évangile qui rend libres en les appelant, eux aussi, à s’ouvrir à ce qu’il offre.

L’homme paralysé a été guéri dans son corps, comme nous le comprenons facilement à la 1re lecture, mais la guérison portée par Jésus a été plus profonde encore, cet homme a retrouvé les forces de vie pour son être entier, pour sa psyché et surtout en son cœur. C’est la loi de l’unité.

Lorsqu’il reprendra la parole après avoir une 1re fois répondu qu’il ne savait pas qui était celui qui lui avait dit de prendre son grabat même un jour de sabbat, cette fois-ci l’homme debout va affirmer que c’est Jésus l’auteur de sa guérison. De cet homme paralysé, Jésus a fait un homme debout, capable de choisir d’être son disciple et ainsi de vivre pleinement de cette vie reçue. C’est la loi de la fécondité.

Simone a été et restera pour nous tous, le témoin d’une vie reçue de Dieu et pleinement vécue dans le déploiement de sa propre mesure.

Dans cette confiance en son Seigneur, Simone est toujours restée en lien avec les autres, attentive à leurs remarques. Humble, elle était prête à chercher une nouvelle formulation ou à accueillir une nouvelle suggestion qui servirait au mieux ce projet d’Évangélisation des profondeurs. Par ses questions précises, elle invitait à une mise en route très concrète. Devant la difficulté rencontrée, elle demandait : « As-tu ouvert cela à l’Esprit »? Et puis confiante, elle ajoutait : « Ouvre cela à sa présence, il te répondra ». Cette confiance belle nous a tous portés et touchés aussi lorsqu’elle a transmis paisiblement aux uns et aux autres les tâches qu’elle accomplissait d’abord seule, mais toujours adossée à la prière de ses amis.

 

De nombreuses communautés monastiques sont d’ailleurs représentées ici aujourd’hui et plusieurs ont dit leur reconnaissance pour elle et leur communion avec nous en ce moment.

Aujourd’hui dans mon cœur et dans le cœur de beaucoup, se formule la grande reconnaissance que nous devons à Dieu pour Simone qui a été témoin fidèle et vivant de Celui qui ne cesse de nous appeler à vivre pleinement en déployant notre propre mesure. Que le Seigneur nous y encourage, lui qui nous appelle à nous relever, à nous mettre en route et à être, aujourd’hui en ce temps pascal, les porteurs de sa Résurrection. Amen ” 

Pasteure Aline Lasserre

 

Simone Pacot

 

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