L'exclu et la compassion

 

Année C – dimanche 14 juillet 2019 -  Lc 10, 25-37

 

 

 

 

« Un Samaritain fut pris de compassion ». Jésus ose utiliser pour un hérétique, méprisé des juifs d’alors, le terme que l’Ancien Testament réservait à Dieu. Un mot qui exprime le sentiment d’une mère saisie aux entrailles devant la souffrance de son enfant.

Dans un centre d’accueil pour gens de la rue venait parfois une femme qui sentait si mauvais que tous s’écartaient d’elle. Muette, elle poussait de temps en temps un hurlement. Elle ne se couchait jamais mais restait droite sur une chaise. Une nuit Clément, le jeune psychologue de garde qui déjà tant de fois avait tenté d’entrer en contact avec elle, était triste. Il venait de faire hospitaliser sa mère. Dans la nuit, il sentit un baiser très doux sur sa joue, une main se poser tendrement sur son épaule tandis qu’une voix inconnue lui demandait pourquoi il allait si mal. C’était elle. Sans même se rendre compte que c’était la première fois que cette femme parlait, Clément se retrouva pleurant sur son épaule en lui racontant son inquiétude. Elle seule avait su voir qu’il allait mal, alors qu’aucun des de bénévoles présents ne s’était aperçu de sa tristesse.

Cette femme, considérée comme folle, méprisée même par ses compagnons de misère, a su se faire proche de Clément. Guérie elle-même de son mutisme par ce geste de tendresse, elle raconta plus tard avoir été chassée, sans argent, par son mari, à jamais séparée de ses six enfants. Du fond de sa détresse d’exclue, elle a su, nouveau Samaritain, incarner la compassion de Dieu.

 

Odile van Deth

Simone Pacot

 

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